L’Islande est un caillou presque nu mais bien mouillé. C’est un décor lunaire arrosé par les précipitations océaniques et parsemé d’innombrables masses d’eau stagnantes et courantes. Certaines foisonnent d’adipeuses, d’autres semblant tout aussi charmantes en sont pourtant complétément dépourvues. Avec la météo ultra changeante et l’absence de nuit, c’est l’un des pièges les plus communs dans lequel le pêcheur-baroudeur tombe. Beaucoup de lacs sont en effet apiscicoles…
Pour être franc, le potentiel est fabuleux pourvu que le porte-monnaie le soit aussi. La plupart des rivières regorgent de magnifiques saumons, truites et ombles mais leur accès est extrêmement réglementé et surveillé, et dire que les tarifs sont démesurés est un doux euphémisme. Passée cette frustration, on y trouve largement son compte avec un permis au tarif raisonnable qui permet d’échantillonner une grosse quarantaine de lac sur l’ensemble du pays. En huit jours effectifs sur place, nous nous sommes concentrés sur la partie ouest de l’île et nous avons trouvé tout le bonheur recherché en alternant extrêmes satisfactions, lourdes déceptions, lutte contre les éléments, dépaysement dans des endroits 100% bio et pour ma part, avènement d’un leurre sur lequel j’avais beaucoup spéculé avant ce voyage : le Strout 3.5…
On peut le dire, ce fut I-Strout-lande ! Les résultats ont été amplement à la hauteur de ce que j’attendais, car je l’ai beaucoup utilisé, certes, mais pas par hasard…parce qu’il est était simplement très efficace dans la plupart des zones pêchées. Ce petit multisection a permis d’éviter de justesse quelques capots, de faire des cartons mais surtout de prendre beaucoup de plaisir. Evidemment, je ne voudrais pas exagérer car d’autres leurres ont également fonctionné notamment les poissons nageurs mais je peux l’affirmer sans fausse modestie, le Strout a vraiment sa place dans la panoplie du pêcheur de salmonidés aux leurres.
Présentations : Bien entouré avec Karim et Fab
Atterrissage à Keflavik au milieu de la nuit, enfin du jour devrais-je dire puisqu’en juin, la terre viking ne connait pas l’obscurité…De quoi faire gonfler l’excitation encore un peu plus jusqu’au petit matin, synonyme de récupération de la voiture de loc et d’ouverture des horaires de pêche. On emprunte les routes/pistes vers le nord direction le fameux lac Pingvallavatn réputé pour ses spécimens trophées.
Les nombreux plans d’eau en chapelet le long de la route ont vite raison de notre patience, et la nécessité vitale de déployer les cannes de voyage prend le dessus ; pour vérifier qu’elles ont supporté le chaos des soutes mais surtout pour nous calmer. Le premier spot ne ressemble en rien à ce qu’un truiteux idéalise : une mare de guère plus d’un hectare, avec 50 cm d’eau claire et jaune. On se dit trois lancers juste pour voir et on taille. Sans vouloir faire de cliché et de pub mensongère, un seul aura suffit…Quelques mètres de récupération à peine avec le Strout 3.5 colori 06 German brown au bout de l’empile de fluoro et c’est déjà un lingot de 40 cm qui se décrochera finalement. L’euphorie nous emporte forcément. Après une petite heure pour faire le tour, nous sommes baptisés avec une dizaine de poissons à 40 cm de moyenne.
A ce moment, on se dit que ça va être très très bon…même si je casse ma canne sur un lancer appuyé en fin de parcours. Le traitement des bagages en lowcost est douteux ! Bien heureusement, Fab a une road de rab.
Finalement, comme partout, la folie n’aura duré qu’un temps, qu’un spot. Le reste de la journée passé à arpenter les bords minéraux du grand Pingvallavatn aura été une disette incompréhensible sans aucune touche. Pas un omble, pas une truite n’auront bougé une nageoire pour goûter à nos apéritifs continentaux. C’est un beau défi pas si facile qui nous attend ! D’autant que sur la route vers le nord, on ne peut résister à tester furtivement quelques pools de sublimes rivières, mais avec la même sentence…Il va falloir s’adapter…
Les journées sont longues et la recherche de spots de camping sauvage un peu chronophage, il est temps de se poser, d’ingurgiter une soupe et de refaire la journée. Demain sera différent, on s’attaque au lac Langavatn où siègent Artic shar et Brown trout normalement…
A suivre dans IStroutlande #2…